
Voici un petit projet de cyanotype qui me tient particulièrement à cœur. On rembobine un peu: au printemps 2022, j’assiste aux portes ouvertes du Tierarche Seeland, un sanctuaire pour animaux sauvés de l’élevage situé dans la campagne bernoise.
J’ai déjà mentionné ce lieu il y a presque 7 ans, dans un billet consacré à l’évolution de mon alimentation du végétarisme au végétalisme. Cette ancienne ferme laitière héberge Amaris, Carla, Luca, Selyma,… et Piemo 🖤, dont je suis « marraine partielle » depuis 2018. Actuellement, ce sont une trentaine d’animaux (principalement des vaches, des bœufs qui ne sont pas devenu de la blanquette, et un cochon !) qui y vivent leur meilleure vie d’individus libres, alors que chacun d’eux était destiné à l’exploitation et à une mort sordide dans un abattoir.
L’existence de sanctuaires tels que celui-ci est primordiale pour l’évolution des droits des animaux. Non seulement ils sauvent directement des vies, mais le parcours de reconversion de ces agriculteurs et agricultrices montre de manière très concrète qu’il est possible de changer. En tant que végane, j’y trouve beaucoup d’espoir.

Mais revenons à ces portes ouvertes, par une très chaude après-midi de mai 2022. Pendant des explications sur la culture de céréales auxquelles je ne comprends pas grand chose car la majorité est en suisse-allemand, je m’éloigne un peu du reste du groupe pour m’abriter du soleil qui tape particulièrement fort. Je m’installe à l’ombre des arbres, pas très loin du champ dans lequel Piemo et ses potes font la sieste. Mon regard parcours le parterre de trèfles qui s’étend à mes pieds, en quête du porte-bonheur que j’espère dénicher un jour depuis que je suis toute petite – jusque là, toujours en vain.
Mais cette après-midi-là, dans ce lieu que j’affectionne particulièrement, le voilà: un trèfle aux feuilles un peu abimées, mais elles sont bien quatre.
Je me souviens avoir déposé ce petit trésor bien à plat dans un mouchoir en papier, puis entre les pages d’un carnet, en espérant qu’il ne fanerait pas avant que je rentre chez moi. De retour à la maison, je l’ai fait sécher entre deux gros bouquins – je n’avais pas encore ma merveilleuse presse. Je ne sais pas exactement à quel moment j’ai eu l’idée de m’en servir pour faire des cyanotypes, mais il a fallu attendre l’automne dernier, soit deux ans et demi, pour que je me lance.

J’ai décidé de faire des marque-pages tous simples, dans un petit format adapté qui met en valeur le trèfle. Avec des coins arrondis, et un petit cordon, parce que c’est joli.


C’était la première fois que j’utilisais l’insoleuse qui me permet de ne pas dépendre des aléas météorologiques pour faire mes tirages. Ça m’a pris quelques tentatives avant d’obtenir la bonne intensité de bleu; les premiers étaient beaucoup trop pâles, il y en a eu des trop foncés, et j’ai aussi eu quelques soucis de rinçage sinon c’est pas drôle. Et comme je ne peux en faire qu’un seul à la fois, à coup de 18 minutes d’exposition, forcément c’est une activité qui prend un peu de temps.
Mais avec juste ce qu’il faut de patience (ce qui n’est de loin pas ma principale qualité), j’ai fini par obtenir un résultat dont je suis vraiment contente. Ce petit projet tout simple m’a permis d’apprivoiser certains aspects techniques de la réalisation de cyanotypes, ainsi que l’utilisation de mon insoleuse.
Et j’aime la symbolique de ce petit trèfle, trouvé dans un lieu où vivent des animaux plus chanceux que la grande majorité des autres membres de leur espèce, que je peux désormais partager comme un petit grigri porte-bonheur 💙


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